Le Cardinal Godfried Danneels est né en Flandre orientale le 4 juin 1933. Le 17 août 1957, il est ordonné prêtre. De 1959 à 1977, il est professeur au grand séminaire et en faculté de théologie. Ses émissions de radio et ses brochures le rendent connu auprès d’un large public. Il est nommé Evêque d’Anvers en 1977 puis Archevêque de Malines-Bruxelles en 1979 jusqu’en janvier 2010.
Il partage la responsabilité du plus grand diocèse de Belgique (2.425.000 habitants) avec 3 Evêques auxiliaires. Chaque année, le Cardinal Danneels publie deux lettres pastorales qui ont un grand retentissement : elles sont imprimées à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires et certaines sont traduites en plusieurs langues.
Monseigneur Danneels est nommé Cardinal le 2 février 1983. À ce titre, il a été membre de nombreuses congrégations romaines, il connaît donc bien le Vatican. De 1990 à 1999, le Cardinal fut Président de Pax Christi International. Cela le mena à visiter l’Afrique à plusieurs reprises. Aujourd’hui, il est coprésident européen du « World Conference on Religion and Peace » (WCRP). Comme ses prédécesseurs à Bruxelles, le Cardinal Danneels a développé la tradition oecuménique. Ses qualités de modérateur lui valent l’estime de tous. Sa devise épiscopale est « Apparuit humanitas Dei nostri » – « L’amour de notre Dieu pour les hommes nous est apparu » (Tite 3,4). Cet adage est un plaidoyer pour un authentique humanisme chrétien. Amoureux des arts, observateur de la culture et acteur chevronné dans le monde des médias, le Cardinal incarne bien cet idéal.
” Matière et Lumière ”
” Il se pourrait qu’à notre époque la voie royale vers Dieu soit celle de la beauté. Assurément Dieu est à la fois vrai, bon et beau. Il est même la vérité supérieure, le « perfectum », la bonté au-delà de toute bonté et la beauté même. Le vrai, le bon et le beau sont ainsi trois portes qui ouvrent sur Dieu. Les trois « universels » de la philosophie sont en effet les trois attributs de Dieu ainsi que trois voies pour le trouver.
Mais il reste vrai que l’affirmation de vérité suscite le scepticisme chez celui qui l’entend. Quant au bon et au parfait, ils peuvent décourager. Le beau, lui, désarme impossible de lui résister : il s’impose, et sans violence.
La beauté – qui est finalement celle de Dieu – se lit dans le beau livre de la création. L’univers créé est un miroir qui reflète la beauté de son Créateur et dans lequel l’homme peut percevoir comme à travers un filtre la beauté de Dieu. Car il n’est pas possible à l’homme de regarder Dieu en face pour le percevoir tel qu’il est. Celui qui regarde Dieu doit mourir dit l’Ecriture. Et personne n’a jamais vu Dieu, sauf le fils qui le regarde de toute éternité et pour toujours. C’est d’ailleurs seul le Fils de Dieu que l’homme peut regarder en face puisqu’il est Dieu fait homme. Car son être même est le « beau » témoignage, l a « belle » confession de Dieu lui-même.
Dans la nature, l’homme puise la matière dont il fera de belle choses qu’il déposera ensuite à la surface de la planète en témoin silencieux de la beauté de Dieu. C’est l’art plastique sous toutes ses formes et variétés. Parmi toutes les oeuvres d’art que l’homme est capable de créer, le vitrail occupe une place à part, une place de choix.
Car le vitrail élève la matière – pensons au sable lui-même chauffé jusqu’à la splendeur du verre – loin au-delà de ce qu’elle est par nature. Le vitrail se met entièrement au service de la lumière. Celle-ci métamorphose, transfigure le verre en image de Dieu et de sa beauté. Dieu « prend chair » dans le vitrail grâce aux mystérieuses épousailles de la matière et de la lumière.
Et le soleil traversant le vitrail d’une église transforme et métamorphose à son tour toute l’assemblée liturgique, qui va être revêtue du rose de l’aurore, de la splendeur du midi, et du feu du coucher de soleil. Le soleil, lui aussi, se met au service du beau et de Dieu.
Sois loué, Seigneur, pour le soleil et pour les matins et pour les soirs, pour les couleurs et pours les formes. Tu jettes sur nous toutes les couleurs, tu nous enveloppes du manteau de ta beauté. Et sois loué aussi, Seigneur, pour celui qui est le « paranymphe » de ces noces de la lumière et de la matière : le père Kim. Ce visiteur du « beau » est également ton serviteur et un serviteur de nous tous. Loué sois-tu pour lui et pour son œuvre.”
Cardinal Godfried Danneels,
Archevêque de Malines-Bruxelles
Malines, le 9 décembre 2008