A la Toussaint 1993, peu après notre arrivée à Dijon, nous avons rencontré le Père Albert, dont nous connaissions le nom et la pensée par ses travaux. En peu de temps, il est devenu un ami de mon père le philosophe Jerzy Kalinowski (lui-même proche ami de Karol Wojtyla), de mon mari, lui aussi philosophe et de moi-même ainsi que mon confesseur. Ses admonestations en confession, tout imprégnées d’ardeur paulinienne, avaient un caractère lumineux, pénétré de la charité propre au Christ et la diffusant. Il aimait particulièrement à citer Ga-lates 5,13 : « par la charité, faites-vous les esclaves les uns des autres ».
Nous étions mariés depuis presque dix ans sans avoir d’enfants, mais n’en étions pas très préoccupés, car nous étions absorbés par notre vie intellectuelle. Le Père Albert, avec une calme insistance, attira notre attention sur ce point. Un examen médical sérieux suffit à résoudre le problème qui faisait obstacle à ma fécondité et, dès la fin du traitement, je me trouvai enceinte d’Elisabeth, qui naquit en février 1996, suivie de son frère Yves (trisomique) en décembre 1997. C’est tout naturellement que nous avons demandé au Père Albert de baptiser Elisabeth, puisqu’il l’avait, en quelque sorte, appelée à l’être. Le Père Albert, déjà à Paris depuis plus de deux ans, revint à Dijon pour la première communion d’Elisabeth en 2004 et au préalable lui adressa cette lettre que nous sommes heureux de communiquer car elle rayonne la vérité du mot « communion ».
Agnès et Michel Bastit, Dijon
Paris, le 7 juin 2004
Chère petite, chère grande Elisabeth,
Maman m’a fait savoir que c’est bientôt la première rencontre, la grande rencontre pour toi avec Jésus, la première « communion » (un mot qui veut dire beaucoup de choses : recevoir Jésus dans son coeur, être d’accord de tout son coeur avec Jésus, être décidé à faire comme Jésus de tout son coeur, recevoir beaucoup de grâces pour faire cela avec courage, en recommençant avec fidélité). Un commencement qui ne finira jamais, parce que cela continuera au ciel avec beaucoup de joie.
Alors comment ne pas venir te dire que j’en suis tout heureux pour toi, avec toi ? Le dimanche 13 juin sera une fête pour moi avec toi, et une grande espérance pour toutes les bonnes choses que Jésus attend de toi toute ta vie. Je te dis donc « toutes mes félicitations » et tous mes encouragements pour le bien que tu es appelée à faire à Jésus, par amour pour Jésus. Bonne fête !
Je t’embrasse de tout coeur avec Papa et Maman et Yves.
Fr Albert Patfoort, dominicain ami de Maman et de Papa et bien entendu, de Yves.
Lettre du Père Albert Patfoort, o.p. avant la première communion d’Elisabeth.